Son Histoire

Son histoire est aussi celle de son fondateur: Nicolas Eugène THIBOUVILLE

Nicolas Eugène Thibouville

Eugène THIBOUVILLE est né le 12 février 1823 à La Couture Boussey (Eure). Fils de Martin THIBOUVILLE fils aîné (1793-1873) Facteur d'instruments de musique établis à la Couture Boussey et de Marie Marguerite BOUSSELAIRE (2).

Associé avec son père et son frère Martin Denis sous la raison sociale Martin THIBOUVILLE Aîné, 67 rue des vieux Augustin à Paris. M.Martin Thibouville fils aîné avait déjà une fabrique à La Couture depuis 1820, lorsqu’il vint établir une maison à Paris peu avant 1848 (1). Comme beaucoup d’artisans de la Couture à l’instar des : Godefrod, Lot, Hérouard, Noblet, Martin, Hérouard. Ils tentèrent aussi l’aventure parisienne, le père Martin et les deux fils Martin Denis et Eugène Nicolas exploitaient ensembles, leur maison de La Couture Boussey ainsi qu’un magasin, 67 rue des vieux Augustin à Paris. Il parait fort probable qu’Eugène installé à Paris s’occupait du magasin alors que son père et son frère Martin Denis restaient à l’atelier de la Couture pour fabriquer les instruments en commandes.

Vers 1850

Sur leurs documents (factures courriers) leur maison se présente comme : Fournisseur du gymnase musical militaire / en vertu de la supériorité obtenue au dernier concours du 31 mars 1851. et signalait qu’elle avait obtenu une mention honorable à la 1 ère Exposition des produits de l’industrie de 1849.

En 1852, Eugène épouse Catherine Pulcherie HUAN. † 19 août 1918 Marié sous le régime de la communauté comme il résulte d’un contrat passé devant Maître Maillon notaire à Houdan en août 1852.

Vue du gite

L’ association du père et des deux fils cessa dans les premières années après 1850, Nicolas Eugène après avoir attaqué la Société en dissolution resta seul, 67 rue des vieux Augustin à Paris (3). Il s’en suivit une incroyable brouille, le père et son fils aîné Martin Denis conservèrent l’atelier de la Couture et ouvrirent un autre magasin, 69 rue des vieux Augustin à côté de l’ancien siège parisien, ce pour ruiner ses prétentions et concurrencer l’activité de Nicolas Eugène. Le père écrivit à toute sa clientèle, qu’il avait chassé son jeune fils de Paris pour cause d’inconduite et de négligence dans les affaires, qu’il reprenait la Société avec l’aide de son fils aîné qui avait toujours été de son coté et défendait de ne plus rien payer à son jeune fils. Ils lui firent envoyer toutes les factures de la société au siège de Paris. Il y eut procès et liquidation par le tribunal de commerce. Un liquidateur fut nommé M Dubrut. Eugène Thibouville contesta la liquidation et se fit mettre à la porte de chez son père lors de l’inventaire de la Société fait à la Couture-Boussey, il contesta aussi le montant établis par le liquidateur et considéra qu’il ne représentait qu’un. Cinquième de la valeur de l’entreprise3.La situation tourna sans doute mal pour son compte car, Eugène THIBOUVILLE déserta Paris où il était en 1855, pour s’installer à Ivry la Bataille (1). Probablement à partir du 11 novembre 1858 Eugène ayant besoin d’argent s’associe avec NOBLET Jeune de La Couture Boussey avec qui il entretient des liens amicaux. Association qui dura peu de temps, mais fut probablement prolixe en fabrication, les témoignages instrumentaux de cette époque étant relativement nombreux encore aujourd’hui. En 1874 leur société, NOBLET ET THIBOUVILLE / A IVRY LA BATAILLE n’existait déjà plus (3).

On ne sait exactement ni où et quand il exerça son activité, toujours est-il, que les anciens locaux de l’abbaye d’Ivry servirent d’atelier de peignes et d’instruments de musique et qu’ils furent pratiquement détruits lors d’un incendie dans la nuit du 23 au 24 avril 1869 (4), Eugène THIBOUVILLE était sûrement parmi les sinistrés. On le retrouve à l’usine de l’Abbaye où dans un bail non signé il s’engage le 1er mai 1878 à louer à Emile LAPORTE (1855†1881) son futur gendre, qui épousera sa fille Blanche Thibouville, née en 1862 (3).

Vue du gite

Bail contenant :
1. Un atelier d’environ vingt huit mètres de longueur et neuf mètres de largeur avec grenier dessus, situé au premier étage
2. Le droit de placer dans cet atelier Huit tours pour instruments de musique, une scie à ruban et une circulaire de petite dimension pour débiter les bois propres à la fabrication.

Vue du gite

Suit dans ce bail des recommandations extrêmement précise sur les transmissions et l’utilisation de la force hydraulique très sollicitée à cette époque. Il existe un vieux cliché de la fin du XIXème représentant la porte de l’abbaye surmontée d’un panneau portant la mention suivante : Eugène THIBOUVILLE manufacture d’instruments à vent. La maison accolée porte sur chacune de ses deux cheminé une grande lettre de fer E et T. Eugène Thibouville racheta peut être cette maison après le décès de mr LAPORTE?

En 1871, il était aussi sous-locataire dans l’usine du moulin l’Abbé. Le 15 octobre 1881, Adrien se marie avec Mlle Marie Henriette Fredérique DEBAIS. Vers 1889, Eugène s’adjoint ses fils, Adrien (1856†1922 ) et Camille (1864†xxxx ) à son entreprise sous la raison sociale : Les Fils d’Eugène Thibouville (3). Il semblerait qu’aucun instrument ne fût jamais fabriqué sous cette marque mais toujours sous la griffe du père : (EUGENE THIBOUVILLE / A IVRY LA BATAILLE).Le 8 février 1887, par des courriers et des factures on apprend que Eugène THIBOUVILLE fait des opérations commerciales avec HUBART & PERSIN de Paris, il lui fait fabriquer des cuivres, cornets à pistons, trombones et altos (3).

Après la mort d'Eugène Thibouville

Eugène meurt le 3 décembre 1891 à Ivry La Bataille.Adrien et Camille ses deux fils, continuèrent à exploiter la société toujours sous la marque de leur père disparu.Le 30 juillet 1898 suivant acte passé devant Maître MAUCUIT Notaire à Ivry la Bataille Adrien Thibouville et son épouse font l’acquisition, de M DUVAL fabricant de peigne d’ivoire, d’une grande propriété à Ivry La Bataille comprenant deux usines mitoyennes:
1. Usine du Moulin l’Abbéb
2. Usine de la Portelle.

Ces deux usines construites sur des îlots de la rivière (Eure) anciens site hydraulique sont pourvus chacun d’une roue à aubes, qui furent précédemment moulins à blé et tanneries avant de devenir ateliers de peignes et d’instruments de musique( 5).

Suite à ces acquisitions ils entreprirent des grands travaux de modernisation agrandissent les bâtiments de l’usine de la Portelle et développent leur activité. Dans leur catalogue de 1900 ils commercialisent une très grande variété d’instruments et se disent { Dépôt des célèbres instruments de BESSON } et vendent sous cette marque toute la déclinaison des cuivres, ainsi que le cornophone (Brevet Besson 1890)(6).

Le 1er septembre 1909, dans une lettre promotionnelle Camille nous informe qu’il quitte l’association pour s’installer rue de la Porte à Bateaux à Ivry la Bataille, il fut effectivement propriétaire dans cette rue d’une vaste maison qui deviendra par la suite la perception d’Ivry la bataille. Il concurrença l’activité de son frère quelque temps en fabriquant et commercialisant le même type d’instruments, mais ne semble pas avoir eu une activité très importante, ni très durable les instruments connus de lui étant assez rare (3). Sa marque : CAMILLE THIBOUVILLE / IVRY - LA - BATAILLE

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Adrien continuera avec ses deux fils à exploiter l’usine de la Portelle.Sa marque : ADRIEN / THIBOUVILLE / IVRY - LA - BATAILLE. La Société : THIBOUVILLE Frères. Eugène (1884 †1915 à Souchez, Pas de calais ) et George (17 janvier 1886† 6 septembre 1957 à Ivry la Bataille)(5).

Nouvelle marque : THIBOUVILLE / Frères / IVRY (EURE). A la disparition d’Eugène (fils) mort pour la France à Souchez (Pas de Calais) le 26 mai 1915, George continua la fabrication avec l’aide de son père. En 1919, suite aux difficultés du moment, ils vendent l’usine du Moulin l’Abbé à M Martel fabricant de peignes, ces bâtiments deviendront par la suite la propriété les établissements SOLIDO (voitures miniatures) et le resteront jusqu’en 1983.

Les instruments Thibouville

Vers cette époque des clarinettes en métal furent fabriquées et ce pendant quelques années, on connaît des modèles signé Adrien THIBOUVILLE d’autres THIBOUVILLE Frères à Ivry la Bataille. Adrien THIBOUVILLE meurt subitement à Ivry la Bataille le 9 juin 1923 à la suite d’une fête à Ivry la Bataille où la société THIBOUVILLE Frères expose sa fabrication dans la vitrine de la maison qui fut sans doute fabriqué pour l’occasion (source m Lemaire). La société cessa toutes activités pendant la guerre et ferma en 1940, après la deuxième guerre George THIBOUVILLE seul descendant s’associe en 1947 avec Maurice MASSON né à la Couture Boussey le 29 avril 1908 et mort en juin 1992 à Ivry la Bataille, celui-ci fut maire d’Ivry la Bataille du 17 novembre 1947 à 1977, il était le fils d’un facteur d’instruments de La Couture Boussey Clément MASSON, lui-même successeur de monsieur Djalma JULLIOT qui jouissait vers 1900 d’une grande renommée dans la fabrication des flûtes traversières.

Vue du gite

A partir de cette époque la fabrication se spécialisa, la maison THIBOUVILLE Frères ne fabriquait plus que des clarinettes système bœhm pour une grande partie destinée à l’exportation vers les USA (voir mon article sur les marques de sous-traitance retrouvées dans l’établissement). La maison fabriquait des clarinettes dans les différentes tonalités, mi, si, ut, la, alto et basse. La marque ne changea pas, même après la mort de George en 1957, Maurice MASSON associé aux descendants de celui ci, continua la fabrication. Toujours sous la marque Thibouvilles frères et aussi sous la marque M MASSON / PARIS des systèmes spéciaux furent élaboré et fabriqué, notamment le système Mac-Intyre sous-traitance pour un américain, celui-ci fut sans doute fabriqué dans différentes tonalités, mi, si, ut, la, alto et basse les prototypes ayant été retrouvé dans les lieux, ce système révolutionnait le corps du haut de la clarinette en supprimant les clefs de La et sol dièse qui étaient remplacées par une utilisation spécifique des anneaux.

Il est à signalé que cette clarinette fabriquée dans des quantités importante en si bémol, n’eut sans doute pas le succès escompté et une partie de la fabrication de ces instruments ne furent jamais payés, ni terminées. Les corps du bas et les pavillons étant identiques à ceux des clarinettes courantes, ils furent récupérés pour la fabrication d’autres instruments.

Dans le début des années 1970, la situation économique et sociale n’étant pas bonne et la concurrence étrangère de plus en plus présente, la société n’étant plus très rentable, M. Masson et les deux dernières descendantes de la famille Thibouville n’ayant pas d’héritier susceptible de reprendre l’entreprise. Prirent la décision de vendre.

Le 1er juin 1974, les bâtiments furent donc cédés à l’entreprise COUESNON grande maison spécialisée dans la fabrication d’instruments de musique établie à Paris & Chateau-Thierry. Ils n’utilisèrent l’usine de la Portelle que très peu de temps. L’activité cessa à la fin des années 1970. Après liquidation des stocks et le déménagement d’une partie de l’outillage à Château Thierry, les bâtiments furent cédés à nouveau, le 10 janvier 1981.

Depuis cette époque, il n’a plus été fabriqué d’instruments en cet endroit. Les instruments marqués THIBOUVILLE étant maintenant définitivement des témoignages du passé. J'ai voulu faire une liste la plus complète possible, des marques utilisées par ces fabricants. Au XVII éme siècle, on trouve des : Bouville,Ti Bouville, Tibouvile, Thibouville...

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Selon l'humeur de celui qui rapportait au registre paroissial, le plus souvent l'abbé de la commune. J'ai relevé pour la première fois Thibouville orthographié sous cette forme dans un registre à l'année 1699, cette écriture ne fut adoptée définitivement sur les instruments que dans les premières années du XIX éme siècle. Ces différents facteurs, quoique l'orthographe de leur nom soit parfois différente, sont issus de la même famille et trouvent leurs origines à la Couture Boussey (Eure). Ils ont parfois émigrés dans les communes avoisinantes, se sont mariés, associés et parfois brouillés.

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Toutes ces raisons nous donnent cette incroyable variété de marques différentes, utilisées par ces fabricants. J'ai répertorié à ce jour quarante et une marques différentes. Sans les reproduire à l'identique, ce qui m'aurait prit un temps trop important, je les ai simplifiées, en utilisant quand même un style différent, pour ce qui était écrit en italique et en majuscule. Ces différentes marques ont toutes été relevées sur des instruments de collections privées. Sans vouloir rien prouver, ni démontrer, cette suite sans prétention est bien sûr non exhaustive. Vous pouvez m'aider à la compléter, toute nouvelle estampille m'intéresse. J'en serais très heureux.

(1) Constant PIERRE Les facteurs d’instruments de musique pages 324/326
(2) Etat civil La Couture Boussey
(3) Lettres et catalogues (coll: Thibouville / Camboulive)
(4) Article de M Jean Pierre SUAU (NOUVELLES DE L’EURE N°49, page 49 {ses sources: le courrier de l’Eure du 27 avril 1869}).
(5) Inventaire après décès Adrien THIBOUVILLE / DEBAIS
(6) Catalogue 1900 LES FILS D’ EUGENE THIBOUVILLE, pages 16, 17 et 18
(7) Cliché original. (coll: Lemaire Ivry la Bataille)
(8) Brouillon de la main d’Eugène Thibouville et livre de compte de la société
Noblet & Thibouville (coll: Thibouville / Camboulive)
François Camboulive IVRY LA BATAILLE 30sept 2001
1er version éditée dans le LARIGOT n° 17 pages 8 et 9 en août 1995


02 32 36 48 39
06 07 48 86 85
06 20 49 94 19

1 Passage du moulin l'abbé
27540 IVRY-LA-BATAILLE
FRANCE